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xavier raufer - Page 9

  • Le crime organisé, une cible mobile...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Xavier Raufer à Atlantico dans lequel il commente la présentation par le Ministre de l'intérieur à Marseille, ces derniers jours, d'un n-ième plan national de lutte contre la drogue. Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et Le crime mondialisé (Cerf, 2019).

     

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    Lutte contre les stupéfiants : le plan antidrogue qui n’en était pas un

    Christophe Castaner a présenté mardi 17 septembre un nouveau  plan antidrogue avec notamment la création d’un organisme, l’Ofast, « chef de file unique de la lutte contre les trafics de drogue, sur le modèle de la DGSI pour la lutte anti-terroriste ». L’organisation reste pilotée par un commissaire de police.

    Cette réforme prétend s’appuyer sur le modèle de la DGSI. Quelles seront les spécificités de ce nouvel organisme ? Est-ce un modèle cohérent pour lutter contre un problème de l’ampleur du trafic de drogue ?

    La France a un grave problème de stupéfiants. Pour la cocaïne, c’est même une inondation. Pour 2017-2018, ont été saisies en France plus de 32 tonnes (32 000 kilos…) de cocaïne. Comme, au mieux, on intercepte 20% de telles livraisons de drogue sur leur trajet à portée de nos douaniers, policiers, etc., ces deux années, passées, plus de 250 tonnes de cocaïne ont été livrées en métropole. Au prix de gros, avant coupage et deal de rue, cela a enrichi divers producteurs et grossistes, du nord de l’Amérique latine à l’Europe
    via l’Afrique, de plus de 7 milliards de dollars.

    Mais se dire « J’ai un problème de stupéfiants ALORS je vais créer un super-office des stups » témoigne d’une forte myopie stratégique ou d’un vif cynisme : tout criminologue sérieux aurait averti MM. Castaner et Nunez que – différence cruciale entre le milieu criminel et les honnêtes gens – les bandits n’ont pas de métier. Il n’y a pas de trafiquant de drogue pour la vie, comme il y a des avocats ou des fleuristes, mais des prédateurs
    opportunistes arbitrant à tout instant, en une simple logique coût-bénéfice.

    On lit par exemple qu’explose le proxénétisme des cités, prostituant des jeunes femmes fragiles, mineures, etc. Qui sont ces néo-maquereaux ? Des dealers victimes de deux lois absolues de la vie criminelle : celle des rendements décroissants et l’effet de déplacement. Trop de dealers dangereux dans votre cité ? Il faut changer de job criminel ou de crémerie.

    Ainsi, le crime organisé n’est pas la cible fixe qu’imaginent Castaner-Nunez : elle est mobile. Or comme ce qu’ils découvrent lors d’une énième tuerie est déjà vieux d’une décennie – on se souvient des excursions marseillaises du pauvre Valls et de ses ministres, en 2012 – et ce n’était déjà pas une nouveauté – Castaner-Nunez tireront sans doute sur un canard-narco, qui aura déjà filé.

    La seule façon d’atteindre une cible criminelle mouvante est de la priver de son territoire, les cités hors-contrôle : là, le gouvernement ne fait rien ; et d’y dissoudre les gangs – on n’en prend pas le chemin. Chaque jour désormais, ces cités connaissent des émeutes lors desquelles nulle arrestation sérieuse n’est opérée. Un gilet jaune tire la langue face caméra, la justice l’accable. Là, véhicules brûlés… Jets d’acide sur les policiers – répression zéro. Preuve que le nouvel office de Castaner-Nunez n’est sans doute que de la com’, ou une rustine de plus sur un pneu crevé de longue date.

    Divers pays ont choisi la légalisation pour couper l’herbe sous le pied des trafiquants. La France se refuse encore à explorer cette voie-là. Pour quelle raison légalisation et dépénalisation sont-elles encore des sujets tabous en France ?

    Que donne dans les faits – pas dans les rêves de soixante-huitards fatigués – la légalisation du cannabis ? Dernier exemple, le Canada. Chiffres du service canadien de renseignement criminel (SCRC) : 1 g. de cannabis légal coûte 11 dollars can. – 6 $ can. en deal de rue – d’où, retour des toxicomanes au marché illégal. Le premier ministre-ludion médiatique Trudeau avait promis de « retirer des milliards des poches des criminels » en légalisant le cannabis. Le fort prudent SCRC parle de « premiers résultats positifs d’ici trois ans et plus ». Qui a dit calendes grecques ? Et – coïncidence ? – le nombre de cocaïnomanes a DOUBLÉ au Canada en 4 ans (730 000 aujourd’hui) car les narcos ne sont pas stupides. Une cible mouvante, on l’a vu. Si vous voulez voir ça advenir en France, allons-y.

    Christophe Castaner a aussi déclaré vouloir s’attaquer au « patrimoine des dealers ». Le chiffre d’affaires du trafic de drogue en France étant estimé à 3,5 milliards d’euros/an, quels peuvent être les bénéfices de cette stratégie ? Quelles autres voies explorer ?

    Encore de la com’ !
    L’immense majorité des semi-grossistes et grossistes de la drogue opérant en France a des liens forts avec sa diaspora d’origine, Balkans, Maghreb ou Sahel. Car les dealers de base n’ont que des miettes du trafic, grâce à quoi ils survivent tout juste.

    Comment saisir des villas ou des entreprises, réelles ou non, des comptes en banque, à Casablanca, Tirana, ou Bamako ? Si Castaner-Nunez espèrent trouver le trésor des narcos à Romorantin ou Criquebeuf-sur-Seine, ils risquent la déception. Mais bien plus sûrement n’espèrent-ils rien de pareil et vont-ils faire du cosmétique, gagner du temps avant telle échéance électorale, situation hélas classique depuis l’instauration du quinquennat.

    Xavier Raufer (Atlantico, 18 septembre 2019)

     

     

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  • Quand le gouvernement triche sur les chiffres de la délinquance...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Xavier Raufer à Boulevard Voltaire, dans lequel il revient sur les propos du Premier Ministre concernant la sécurité dans sa déclaration de politique générale.

    Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et, tout récemment, Le crime mondialisé (Cerf, 2019).

     

     

                             

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  • « Notre pays n'est pas en paix à l'intérieur »...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Xavier Raufer à Jean-Baptiste Mendes pour Sputnik France, à l'occasion de la sortie de son livre Le crime mondialisé (Cerf, 2019). Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et a également coordonné l'ouvrage collectif intitulé La première cyber-guerre mondiale ? (Eska, 2015).

     

                                          

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  • Le crime mondialisé...

    Les éditions du Cerf viennent de publier une étude de Xavier Raufer intitulée Le Crime mondialisé - État des lieux en 99 vérités. Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et a également coordonné l'ouvrage collectif intitulé La première cyber-guerre mondiale ? (Eska, 2015).

     

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    " Fraudes, détournements, meurtres, trafics, esclavages à l'échelle planétaire : en statistiques, tableaux, chronologies, mais aussi récits vrais et portraits révélateurs, c'est la face cachée et noire de la mondialisation, sur l'année 2018, que révèle ce document sans précédent.

    Qui dirige désormais Cosa Nostra ? Pourquoi les prisons françaises sont-elles devenues des passoires ? Où trouve-t-on la cocaïne la plus pure ? Existe-t-il vraiment un lien entre l'afflux de migrants en Europe et la criminalité ? Xavier Raufer livre ici une encyclopédie du crime, étonnante et passionnante, sur toute la surface de la planète. En utilisant les données les plus récentes (collectées par Crimino, sa base documentaire criminologique), il révèle l'autre face de la mondialisation, où les tueries de masse s'exportent des États-Unis au reste de la planète, et où l'Afghanistan est devenu un immense champ de pavot. Chiffres à l'appui, il revient ainsi sur les faits divers qui ont fait l'actualité, et sur ceux dont on a étrangement peu parlé. Des crimes sexuels en passant par les nouvelles mafias, de la piraterie maritime aux trafics d'êtres humains, rien n'est laissé sans réponse dans ce livre-événement qui donne aux lecteurs les clés pour participer au débat public sur la sécurité internationale.
    Une somme indispensable, pour comprendre enfin le monde dans lequel nous vivons. "

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  • Prisons, émeutes de banlieue... La guerre civile en marche ?...

     Vous pouvez découvrir ci-dessous Le samedi politique de TV Libertés, diffusé le 9 mars 2019 et présenté par Élise Blaise, qui recevait Xavier Raufer, pour évoquer les émeutes de Grenoble et l'attaque de deux gardiens de prison par un détenu islamiste, symptômes de cette guerre civile qui vient... Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et a également coordonné l'ouvrage collectif intitulé La première cyber-guerre mondiale ? (Eska, 2015).

     

     

                                       

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  • Le cadavre Mao dans le placard bobo...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il rappelle l'engouement pour le maoïsme d'une partie de l'intelligentsia française au début des années 70...

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    Les génocides ? Parlons-en ! Le cadavre Mao dans le placard bobo

    « Bourgeoise » ou « prolétarienne », la gauche adula jadis Mao Tsé-Tung. Début 1961, de retour de Chine, François Mitterrand affirme à L’Express (23 février) que Mao est « un humaniste » et que « le peuple chinois n’est en aucun cas au bord de la famine ». Or, de 1958 à 1962, le Grand Bond en avant de Mao fait 36 millions de morts (plus qu’en 1939-1945), famines, tortures, cannibalisme, nécrophagie, massacres massifs – 45 millions en comptant la guerre mondiale, 450 fois Nagasaki. En pleine paix, sans nul désastre naturel – juste un délire idéologique du Grand Timonier.

    Dans les archives du PC chinois, par volumes entiers : « Un paysan exhume quatre cadavres pour en dévorer la viande […] une fillette abandonnée tue et mange son petit frère de quatre ans. » Quatre ans après, c’est la révolution culturelle prolétarienne : la Chine à nouveau ravagée. Seule nuance : le fanatisme remplace la famine. Lors de banquets cannibales, les Gardes rouges dévorent « cœurs, foies et sexes de victimes », même « des enfants en bas âge ». Les « éléments noirs » (réactionnaires) sont enterrés vivants, lapidés, noyés, éventrés, émasculés, ébouillantés, explosés à la dynamite, souvent en groupe.

    L’enquête du PC chinois parle d’« assassinats effroyables », de « tueurs pire que des bêtes […] à la cruauté et sauvagerie révoltantes ». Yang Jisheng, le Soljenitsyne chinois (lui-même communiste), dénonce « l’une des pires convulsions de l’histoire humaine ». Que fait Mao, durant ces atrocités ? « En 1966, quand les gardes rouges massacrent ses ennemis, Mao (72 ans) est au bord de sa piscine avec de jolies filles de 17-18 ans. »

    Sur la rivière Xiao, un témoin voit, au fil de l’eau, passer cent cadavres à l’heure. Ainsi de suite, partout en Chine. Des morts par millions, encore. Pour le PC chinois (enquête de 1981), « la révolution culturelle (1966-1976) fut la pire catastrophe pour le Parti, l’État et le peuple, depuis 1949 ».

    Alors que la famille Zhou – et tant d’autres – subit le martyre, que fait l’intelligentsia française ? Elle a-do-re le maoïsme. L’Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes (UJCML) « étudie la pensée de Mao ». Sémillants intellos, Philippe Sollers et Julia Kristeva « couvrent les bureaux de Tel Quel [leur revue] des pensées de Mao »… Kristeva (entre deux contacts avec le KGB bulgare…) exalte Mao qui a « libéré les femmes et résolu l’éternelle question des sexes »… Pour Maria Antonietta Macciocchi, « la révolution culturelle inaugurera mille ans de bonheur »… Christian Jambet et Guy Lardreau font du Petit Livre rouge « la réédition des évangiles », de Mao, « la résurrection du Christ ». Fin 1976, encore, Macchiocchi, Sollers, etc., pleurent l’éviction des bourreaux-mao de la direction du PC chinois (Le Monde, 20 novembre, « Qu’est devenu l’idéal de la démocratie prolétarienne ? »).

    La Gauche prolétarienne – dont l’héritage médiatique vomit, à présent, le « populisme » – écrit, le 14 mars 1970 (le génocide chinois allant bon train) : « Nous sommes des maoïstes […] La vérité est du côté du peuple et est une arme toute-puissante. » Les 17 et 18 avril 1975, Libération glorifie l’amorce du génocide des Khmers rouges : « Le drapeau de la résistance flotte sur Phnom-Penh » et « Sept jours de fête pour une libération ». Plutôt trois ans d’enfer par la dictature pour les pauvres Cambodgiens qui y laissèrent un tiers de leur population.

    Depuis, c’est le grand silence (des cimetières). Ces journaux ont vaguement dénoncé ces horreurs, mais « oublié » les maoïstes. Exemple – parmi d’autres : pour les hagiographes du Monde, Jacques Rancière est « un auteur d’essais mondialement connus » […] philosophe dont « l’œuvre entretient un dialogue permanent avec le texte platonicien et un compagnonnage constant avec la littérature ». Or, Rancière fut un mao si fanatisé qu’il trouvait (dit l’ex-mao Jean-Pierre Le Dantec) l’UJCML bien molle et trop encore « dans le camp des mandarins ».

    Telle est l’intelligentsia qui, la poussière balayée sous le tapis, sans honte sur son terrible passé, fait encore la morale à tout un chacun. Avis à ces ex-gardes rouges des quartiers chics : pas vous et pas ça.

    NB : les détails et sources des affaires ci-dessus exposées sont à disposition de tout fact checker vétilleux.

    Xavier Raufer (Boulevard Voltaire, 5 novembre 2018)

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